Une des questions que me posent souvent les lecteurs est : « Pourquoi l’autoédition ? », et « Est-ce un choix de ma part ? »
Question pertinente, car en effet, cela aurait pu ne pas en être un. J’aurais pu opter pour l’autoédition par défaut, car je n’aurais trouvé aucun éditeur pour publier mon roman.
Mais cela ne s’est pas passé ainsi, l’autoédition est un choix délibéré de ma part, je vous explique pourquoi.
En définitive, lorsque vous avez écrit un roman, vous avez le choix entre trois options (quatre si vous envisagez de l’abandonner au fond d’un tiroir ;-)) : votre travail intéresse une grande maison d’édition (Gallimard, Seuil, Flammarion, etc…) ; être édité par une petite maison d’édition et l’autoédition.
— Avec les grandes maisons d’édition, vous êtes très vite confronté à de nombreux problèmes. Le premier, et non des moindres, est que beaucoup n’acceptent plus de soumission de manuscrit. Le Covid et les confinements successifs ont réveillé quelques vocations et les maisons d’édition sont aujourd’hui noyées sous les manuscrits !
Le deuxième est le délai de réponse. Il faut compter au moins six mois, le plus souvent un an, pour espérer une réponse de la part de la ME (Maison d’Edition). En supposant que celle-ci vous réponde ! Ce qui est rarement le cas si votre roman n’est pas retenu.
Le troisième est la procédure que vous ne maîtrisez pas, ou mal, et qui pour couronner le tout, coûte cher. La plupart des ME demande un résumé, un synopsis et une lettre d’intention en plus de votre biographie et de votre texte imprimé uniquement sur le recto en interligne double, police 12. Ce qui fait environ 950 pages pour Projet Hurricane, soit 50 euros d’impression, plus les frais postaux of course ! Vous comprenez bien que si vous sollicitez une dizaine de ME, ce qui est assez peu, cela va faire un joli trou dans votre budget. Quant au synopsis et la lettre d’intention, on pourrait les comparer au CV et lettre de motivation dans le cadre d’une recherche d’emploi. Dans les deux cas, si vos documents ne sont pas suffisamment percutants et intéressants, vous n’êtes pas convoqué à l’entretien ou votre texte ne sera pas lu. Inutile de vous dire qu’il s’agit d’un exercice extrêmement difficile à maîtriser.
Conclusion, les grandes maisons d’édition sont difficiles d’accès, et sans même parler de la qualité de votre travail, il va vous falloir pas mal de chance et de patience pour franchir tous les obstacles qui y conduisent.
Pour ma part, au-delà de la procédure fastidieuse et du coût, c’est le délai de réponse qui m’a arrêté. J’avais un besoin urgent du retour des lecteurs. Je voulais savoir si ce que j’avais écrit avait une quelconque valeur. J’ai donc fait une croix sur l’option « grandes maisons d’édition ».
— Avec les petites maisons d’édition, les problèmes sont d’un autre ordre, et malheureusement pires !
Pour commencer, ce sont souvent elles qui vous sollicitent, elles cherchent à étoffer leur catalogue et chassent les nouveaux auteurs sur les réseaux sociaux. Mais leur plus gros problème réside surtout dans le fait qu’elles n’ont pas les ressources financières et humaines pour faire correctement le job qui leur incombe. C’est quoi leur job ? Globalement, corriger le texte, faire la couverture, imprimer le livre et en faire la promotion. En contrepartie (c’est le cas pour toutes les maisons d’édition, quelle que soit leur taille), vous cédez les droits de votre œuvre (elle ne vous appartient plus) et 90 % de vos revenus. Leur répartition est plus ou moins celle-ci : 10 % pour l’auteur, et 90 % pour l’éditeur qui les redistribue en partie à l’imprimeur (30 %) et aux distributeurs (30 %).
Dans la plupart des cas, les trois premières étapes : correction, couverture et impression sont correctement réalisées, mais ce n’est pas une règle absolue, notamment au niveau de la correction qui parfois laisse à désirer. Mais là où cela pêche vraiment, c’est au niveau de la promotion. Comme je l’ai déjà dit, les petites ME n’ont la plupart du temps pas les ressources pour cela, alors que finalement, c’est tout ce dont a besoin un auteur.
En effet, aujourd’hui il est très facile de trouver une correctrice (c’est essentiellement un métier féminin), un(e) graphiste pour votre couverture et un imprimeur. En revanche, la promotion… c’est une autre histoire !
Gérer les réseaux sociaux, trouver des salons, des lieux de dédicaces, un journaliste qui accepte de faire un papier sur vous, faire une émission de radio, démarcher les libraires, etc… est très chronophage, et les auteurs se dispenseraient bien de cette tâche. En général, ils préfèrent écrire !
Conclusion, si la ME ne fait pas la promotion de votre nom et de votre bouquin, elle ne sert à rien. Elle n’apporte aucune plus-value. Autant rester seul et conserver l’intégralité du fruit de son travail.
Je ne peux conclure le sujet sans évoquer les pseudoéditeurs qui se font appeler « maison d’édition à compte d’auteur » ou « participative » qui demandent de l’argent à l’auteur pour le publier. En général, c’est une somme qui tourne autour de 2500 euros, à laquelle s’ajoute un stock de livres assez conséquent à acheter à prix public. Pour le dire autrement, c’est une grosse arnaque qu’il faut fuir à toutes jambes. Un auteur n’a pas à payer pour se faire éditer. Je rappelle que la ME perçoit 90 % du montant des ventes !
En résumé, entre les belles ME dans lesquelles il est difficile d’entrer et les petites qui ne servent à rien ou presque, mon choix a vite été fait. Je me suis orienté vers l’autoédition qui me permet de conserver les droits sur mon travail et de percevoir l’intégralité des ventes. Sur lequel je dois retirer les coûts d’impression, celui de la correctrice et de la graphiste, bien sûr.
L’autoédition est aussi une grande et belle aventure humaine. Vous contrôlez tous les aspects du livre. De l’écriture à sa réalisation. Vous êtes au cœur de l’action avec la correctrice, la graphiste, l’imprimeur, les prescripteurs, les influenceurs, les libraires, les organisateurs de salons… qui finissent par devenir vos amis.
Avec le recul, je ne regrette pas du tout mon choix, d’autant plus quand je vois le nombre d’auteurs qui n’arrivent pas à récupérer les droits sur leurs romans, ou qui ne touchent pas l’argent qui leur revient. Néanmoins, un jour, et malgré tout ce que je viens d’écrire, je démarcherai certainement les grandes maisons d’édition, car la promotion me pèse et j’aimerai bien que quelqu’un d’autre que moi se charge de cette tâche fastidieuse et ingrate. Mais j’y pense, il existe une autre solution ! En vérité, c’est tout simplement d’un agent dont j’ai besoin ! Nous y reviendrons dans un prochain article.