Le schéma narratif du roman : la structure en trois actes

par | 4 Mar 23 | Actualité

Un roman est fait pour divertir le lecteur et le faire s’évader. Ce qui ne le dispense pas de répondre à une structure et à un schéma narratif prédéfini.
Quel que soit le récit, celui-ci raconte l’histoire d’un personnage en quête de quelque chose. Il comprend un héros, une quête, des alliés et des opposants. Les épreuves du héros forment quant à elles, l’intrigue.
Ce schéma narratif peut prendre deux formes : la structure en trois actes ou le voyage du héros.
Nous allons voir dans cet article la première forme de narration.

La structure en trois actes définit les trois temps de référence du récit : début, milieu et fin, qui eux-mêmes se décomposent ainsi : la situation initiale, l’élément perturbateur, les péripéties, la résolution du problème et la situation finale
Au-delà du marquage temporel de l’histoire, ces trois actes ont avant tout pour but d’ancrer chez le public trois émotions distinctes : la pitié, la peur et le soulagement.

– Le premier acte installe l’histoire et le personnage. C’est ce que l’on appelle l’exposition. Le lecteur fait la connaissance du ou des personnages principaux, où et comment ils vivent, ce qu’ils font, les interactions entre eux, etc. Dans cette première phase, l’auteur présente le monde normal du héros. C’est donc logiquement la situation initiale.
C’est au cours de cet acte qu’intervient l’élément perturbateur. L’événement qui fait basculer la vie du héros dans autre chose. Cet événement va susciter chez le lecteur de la pitié et de la compassion, pour peu que le personnage lui ressemble, ce qui va permettre d’établir entre lui et le protagoniste une connexion émotionnelle : l’identification. Un élément essentiel à toute histoire, car elle permet de contrôler le lecteur à travers les actions et les réactions du personnage.
Dans la duologie Projet Hurricane, ce premier acte court jusqu’au chapitre 30. L’élément perturbateur est, vous l’avez déjà deviné, le moment où Simon révèle à Kane son pouvoir et l’origine de celui-ci. C’est à ce moment que la vie de Kane, et accessoirement de ses amis, bascule pour prendre une autre direction.

– Le deuxième acte est entièrement consacré aux péripéties du héros. Ce dernier mène sa quête, lutte, dans le but d’atteindre un nouvel équilibre suite au bouleversement précédent. Les difficultés sont multiples et s’intensifient. La tension monte progressivement au gré des difficultés, jusqu’au Climax. C’est le moment où le lecteur atteint son apogée émotionnel. Le héros est face à une dernière épreuve qui va lui permettre de retrouver une forme d’équilibre.
Le lecteur ressent de la peur pour le protagoniste, mais aussi pour lui-même. Il expérimente les émotions du personnage et se les approprie.
Attention spoile pour ceux qui n’ont pas encore lu Les Suprématis : le deuxième acte débute au chapitre 31 de Projet Hurricane, et court jusqu’au chapitre 62 des Suprématis. Le Climax étant la grande bataille dans le centre commercial à ciel ouvert.

La résolution du problème et la situation finale interviennent dans le troisième et dernier acte.
L’intrigue touche à son terme. Le lecteur au sommet de l’émotion, attend avec impatience le dénouement qui lui est proposé sous forme de victoire ou d’échec du héros. Le spectateur retrouve alors une stabilité émotionnelle, soulagement, dans la joie ou la tristesse selon l’issue finale de l’histoire.
Cette conclusion est toujours l’acte le plus court de la structure.
Attention spoile pour ceux qui n’ont pas encore lu Les Suprématis : le troisième acte commence chapitre 63 lorsque Lou propose une solution pour rendre les Suprématis intouchables.
Le roman se décompose donc ainsi : un premier acte d’exposition qui fait 184 pages (21 %), un deuxième consacré aux péripéties de 628 pages (74 %) et un dernier de 42 pages (5 %).

Il n’y a pas vraiment de règles dans la longueur des différents actes. Cela dépend surtout du genre d’histoire. Dans un roman unique, l’exposition ne doit pas être trop longue, afin de laisser de la place aux péripéties. Dans une saga de 855 pages comme Projet Hurricane, ou beaucoup plus longue dans le cas du seigneur des anneaux, Game of Thrones et tant d’autres dans le genre fantastique/fantasy, on peut se permettre de prendre son temps et bien poser histoire et personnages.
Dans les romans policiers et polars, le troisième acte est très court. Souvent une dizaine de pages, voire moins parfois. L’enquêteur réunit les suspects, expose les faits et les éléments d’enquête, et révèle le coupable. C’est également le cas de la romance où les protagonistes finissent par s’avouer leur amour mutuel dans les toutes dernières pages du roman.

Traditionnellement le récit se fait à l’imparfait, et les actions sont narrées au passé simple. Aujourd’hui toutefois, un grand nombre d’auteurs content leurs histoires au présent, ce qui a pour effet d’immerger davantage le lecteur dans l’histoire. Celle-ci se déroulant en temps réel au fur et à mesure de la lecture. C’est toujours le cas dans la romance, et c’est l’option que j’ai choisie pour Projet Hurricane..
Notez que l’utilisation des temps passés est beaucoup plus compliquée dans le cas d’une narration au présent.

Il ne vous aura pas échappé que la très grande majorité des histoires commence par une situation stable et un temps plus ou moins long d’exposition. Cependant, l’élément perturbateur peut arriver très tôt dans un roman. Il peut même démarrer le roman. C’est le cas dans les policiers et polars où une victime est très vite présentée au lecteur, parfois dès la première page. L’exposition arrivant plus tard, sous forme d’analepses, dans lesquelles le narrateur raconte des événements passés.

Comme je le disais, tout est possible, même s’il est conseillé de ne pas trop s’éloigner des grandes règles de narration auxquelles les lecteurs sont habitués.
L’essentiel est que cela soit cohérent et fluide.

Dans le prochain article, nous verrons la seconde forme de narration, c’est à dire : le voyage du héros !