Saga, bon plan ou pas ?
Une série, est-ce un bon plan ? La question est pertinente pour un auteur, et la réponse assez simple. Si la série fonctionne, ça l’est, dans le cas contraire, mauvaise idée !
Mais avant de développer mon propos, je dois une explication à toutes celles et ceux qui se sont dit à la fin de Projet Hurricane : « Mais c’est quoi ce bordel ? Il nous laisse comme ça, en plein cliffhanger et il n’y a pas de suite ? ».
Mille pardons mes ami(e)s ! Pour tout vous dire, j’avais l’histoire de Projet Hurricane en tête depuis longtemps, et lorsque j’ai préparé le séquencier, je me suis vite rendu compte qu’un livre n’y suffirait pas. Je me suis donc dit que j’écrirai une trilogie qui est THE format standard lorsque l’on parle de série : Le seigneur des anneaux, Star Wars, Dune, Hunger Games et tant d’autres…
La façon de procéder est assez simple. On écrit toute l’histoire, et ensuite on la découpe aux endroits stratégiques pour obtenir plusieurs tomes, ce qui donne une série ou pour le dire plus joliment, une saga. C’est la manière la plus pertinente et efficace pour obtenir une série qui tienne la route. Elle présente néanmoins un inconvénient de taille : écrire trois tomes, va prendre beaucoup, beaucoup de temps ! Et comme je vous l’ai dit dans l’article précédent, je ne voulais pas attendre si longtemps pour avoir l’avis des lecteurs.
J’ai donc sorti le premier tome dès qu’il a été fini, en me disant : « j’écrirai la suite plus tard. Un jour… ». L’idée que les lecteurs n’allaient pas apprécier le fait que je laisse mes personnages au milieu du guet, ne m’a même pas effleuré ! A tel point que j’ai commencé à travailler sur une autre histoire, complètement différente. Puis sont arrivés les premiers retours dans lesquels on me demandait quand était prévu la sortie de la suite. Cela m’a laissé sans réaction. Sauf qu’au fur et à mesure que les ventes augmentaient, les retours se faisaient de plus en plus nombreux, et parfois très virulents sur les plateformes de vente. Les lecteurs aimaient Projet Hurricane, et voulaient connaître la suite de l’histoire. C’est à ce moment là que j’ai réellement compris que j’avais déconné ! J’ai lâché ce que j’étais en train de faire, et j’ai commencé à travailler le séquencier des Suprématis.
Un grand merci pour la patience dont vous avez fait preuve !
Mais au fait, on parle de série ou de suite ? Car bien sûr, ce n’est pas la même chose ! La série ou saga, est ce dont je viens de parler. Une histoire complète, longue au point qu’il est nécessaire de la découper en plusieurs volumes. Si l’histoire n’est pas complètement écrite, elle doit à minima exister dans son intégralité dans la tête de l’auteur ou sur le papier sous forme de résumé ou séquencier.
La suite est autre chose. Elle est constituée d’un roman construit de manière classique : une situation initiale, un événement qui fait basculer l’équilibre, la résolution du problème, et une situation finale, généralement différente de celle de départ. Le roman se suffit à lui-même, tout a été dit, fin de l’histoire, on passe à autre chose.
Sauf que si les ventes sont au rendez-vous, l’auteur peut avoir la tentation de reprendre ses personnages, et écrire ce ce qui deviendra une suite pour le coup (l’histoire originelle est close). Et pourquoi pas un troisième, quatrième tome… si les ventes sont là !
C’est une situation que l’on rencontre peu en littérature, et qui est beaucoup plus courante au cinéma. Et cela ne vous aura pas échappé, les suites sont rarement aussi bonnes que le premier volet. Pour la bonne est simple raison qu’il s’agit d’une autre histoire.
Mais revenons à nos moutons :
Lorsque vous sortez un deuxième livre, vous avez deux livres distincts : le premier qui raconte une histoire et le second qui en conte une différente. Dans ce cas de figure, vos ventes augmentent et votre lectorat aussi. En effet, les personnes qui ont aimé votre premier roman, voudront lire le suivant (augmentation des ventes). Vous aurez également de nouveaux lecteurs qui vont vous découvrir avec ce deuxième livre (augmentation du lectorat et des ventes) et qui, pour ceux qui l’ont aimé, achèteront le premier (augmentation des ventes). Au fur et à mesure des sorties, votre lectorat et vos ventes augmenteront, et avec un peu de chance, dans quelques années, vous aurez un nombre conséquent de lecteurs fidèles qui attendra la sortie de votre prochain opus.
C’est ainsi que se créée la notoriété et la fortune dans la plupart des cas.
Mais cela ne fonctionne pas ainsi avec les séries ! Enfin… pas complètement, ou pas à tous les coups.
Lorsque votre série comprend deux, trois, quatre volumes, en réalité vous n’avez pas deux, trois, quatre romans, distincts l’un de l’autre. Vos romans sont liés les uns aux autres, et il est impossible de lire le tome 2 ou 3 sans avoir lu au préalable le 1. Ce qui d’une certaine façon revient à dire que vous n’avez qu’un seul bouquin, le premier de la série !
Même si dans un salon il y a trois ou quatre livres sur votre table, vous vendrez essentiellement le tome par lequel commence la saga. Vous n’avez donc qu’un bouquin à la vente. Pendant un temps en tout cas.
Résultat, vous augmentez bien vos ventes (vous vendez quand même des livres), mais votre lectorat augmente moins vite que dans le cas de deux livres distincts.
La saga est donc un plan moyen !
Sauf si vous avez beaucoup de chance ! Car soyons honnêtes, le fait que votre histoire soit géniale, qu’elle réunisse les ingrédients du succès, que vous soyez dans l’ère du temps, dans un genre littéraire prisé du public, que la couverture soit formidable et que vous ayez un réel talent de conteur ne suffira pas à faire de votre histoire un succès, et de vous un homme ou une femme riche. La chance, l’opportunisme, les bonnes rencontres, vont être en grande partie les clés du succès. Harry Potter a été refusé par dix maisons d’édition avant d’être accepté par la plus insignifiante d’entre elles. Nous connaissons la suite ! Nombreux sont les grands auteurs classique à avoir payé un éditeur pour que celui-ci publie leur premier ouvrage qui n’intéresserait d’après eux, personne.
Et donc si la chance, même mesurée, que votre histoire rencontre son public, vous vendrez fatalement beaucoup de livres. En effet, le lecteur qui a aimé le premier livre, est plus ou moins condamné à lire la ou les suites s’il veut connaître le dénouement de l’histoire ! Ce qui se concrétisera pour vous par une significative augmentation des ventes et de vos revenus ! Et ce sera ainsi, de façon plus ou moins conséquente, pour chaque nouveau lecteur !
Conclusion :
Par rapport à une série, les livres distincts génèrent plus rapidement une augmentation des ventes, sauf si la série en question rencontre son public, auquel cas, celles-ci exploseront.
Quant au lectorat, il n’augmentera que lentement du fait de devoir vendre obligatoirement le tome un en premier. Là encore, à moins que les lecteurs adorent votre histoire, qu’ils en parlent beaucoup autour d’eux, et qu’elle devienne un phénomène ! Ce qu’il s’est produit pour les sagas Harry Potter, Hunger Games, Divergente, Labyrinthe, Dune, Fondation, le monde des A, et j’en passe…